Glossaire de la numismatique I : Considérations générales
Episode I : “Considérations générales et génériques”
Voici le premier épisode d’un petit précis de vocabulaire à portée didactique et à destination des curieux, des néophytes, des amoureux de la monnaie, et plus si affinités.
Avant toute plongée en apnée dans les arcanes de la numismatique, commençons donc par l’équipement nécessaire dans ce premier épisode en évoquant quelques considérations générales avant d’aborder des termes plus pointus à l’occasion des prochains. Pour filer la métaphore, commençons par les bouteilles d’oxygène avant d’enfiler le scaphandre.
Autrement dit, abordons l’avers afin d’éviter les revers (vous l’avez ?).
Un collectionneur averti en valant deux, voici donc 15 définitions indispensables, classées par ordre alphabétique, comme tout glossaire qui se respecte.
Avers
Inutile de tirer à pile ou face, celui-ci est le côté face.
Et pour cause, l’avers d’une monnaie est le côté présentant l’effigie. Par exemple un portrait de roi ou de reine.
Si aucun portrait n’est présent, dans ce cas, l’avers sera le côté portant le nom de l’émetteur. Par exemple, Louis XIV ou République Française (RF).
Monnaie France
Louis XIV, 1/2 Écu à la mèche longue, 1/2 Ecu, 1652, Paris
Billetophilie
Le terme est récent et n’est cité pour la première fois qu’en 1984 dans le “Journal de l’année” de Larousse.
"Dans le domaine de la numismatique, un nouveau secteur s’est ouvert avec aux amateurs de billets de banque avec plusieurs ventes à Drouot et l’ouverture, pour la première fois à Paris, d’un “Salon du billet de banque et du papier monnaie” organisé par l’expert numismate Alain Weil. Après la scripophilie (actions périmées), la billetophilie est née."
Titre : Journal de l'année - Éditeur : Larousse (Paris) - Date d'édition : 1984 - Source : Gallica
Voici donc un mot mis récemment sur une activité plus ancienne : l’art de collectionner les billets de banque et le papier monnaie.
Le billet quant à lui n’est pas né d’hier.
Au VIIIème siècle les chinois imprimaient déjà des billets numérotés sur de l’écorce de mûrier. Pour arriver en Europe, en Suède plus précisément, au XIIème siècle, avec l’apparition des premiers filigranes.
Collection
Réunion d’objets rassemblés et classés en fonction de critères divers établis… par le collectionneur. Vous trouverez plusieurs idées et exemples dans nos Inspirations.
Dénomination
Nom de la monnaie dont il est question.
Appelons un chat un chat et un Napoléon un Napoléon, le tout entre deux livres Sterling et sans faire de Drachme, s’il vous plaît.
Echelle de Sheldon
Point de barreaux ici mais une évaluation objective d’une monnaie basée sur deux principes : la rareté et l’état de conservation. Monsieur William Sheldon, américain de son état et sans rapport connu à ce jour avec la théorie du Big Bang, a établi celle-ci en 1948.
L’état de conservation va de 1 à 70. 70 étant la note maximum (autrement dit un état impeccable).
L’état de rareté va de R1 à R8. Pour le R1, ce sont plus de 10 000 exemplaires qui ont été émis (et c’est monnaie courante si j’ose dire). Pour le R8, c’est de l’ordre de la trouvaille digne d’un musée (1 à 3 exemplaires connus). On peut commencer à dire d’une monnaie qu’elle est rare à partir du barreau R5.
Cela posé, pour certaines monnaies, cela est extrêmement délicat à évaluer (allez donc demander à Alexandre le Grand combien d’exemplaires de drachmes il a fait frapper et revenez nous voir).
Pour voir quelques-unes de nos dernières monnaies rares disponibles, rendez-vous ICI
Essai
Pour une tentative c’est un coup de maître. Trêve de plaisanterie, il s’agit de monnaies généralement non mises en circulation ayant servi à tester un concept ou une technique ou encore ayant concouru pour le choix d’un nouveau type de monnaie. Comment les repérer ?
C’est simple, c’est marqué - ou plutôt gravé - dessus.
Par exemple, ici sur ces 300 Cruzeiros brésiliens en cuivre de 1972 :
Monnaie ancienne
Terme assez généraliste recouvrant toute monnaie émise entre la fin de l’Antiquité et la Révolution Française (ou période équivalente à l’étranger).
Ici un gros italien du XIVème siècle :
Baronnie de Vaud Louis II de Vaud
Gros, 1302-1349, Pierre-Chatel, Inédit
Monnaie antique
Une monnaie antique, comme son nom l’indique, date donc de l’antiquité.
Une monnaie postérieure au Vème siècle n’est donc plus considérée comme antique car consécutive à la chute de l’Empire Romaine (476 après J.C selon l’acception conventionnelle même si les points de vue peuvent diverger sur cette date). A ce moment là, débute le Moyen Âge.
Monnaie Lydie
1/3 Statère, Before 546 BC, Sardes, "Collection Docteur F."
On pense que les premières pièces antiques furent émises en Lydie (ancien pays d’Asie Mineure). Il ne pouvait en être autrement, puisque leur roi le plus connu se nommait Crésus et que leur capitale, Sardes, était traversée par le fleuve Pactole.
Plus pragmatiquement, ils disposaient de ressources minières non négligeables et d’un positionnement géostratégique incitant à l’application de taxes de douane.
On retiendra notamment, parmi les pièces antiques, les grecques, Romaines, byzantines ou encore les gauloises.
Chacune dispose de ses propres caractéristiques. En Grèce, par exemple, chaque cité adoptait un emblème qui figurait sur leur monnaie, la chouette pour Athènes ou encore le quadrige pour Syracuse.
Monnaie Attique
Athènes, Tétradrachme, 490-407 BC, Athènes, TTB+, Argent
Monnaies commémoratives
Ne gravez plus une date dans la pierre, gravez là dans du métal ou imprimez-là sur du papier monnaie.
Les monnaies commémoratives servent à marquer un événement particulier pour l’état qui les émet.
Souvent originales dans leur conception visuelle et frappées à un nombre d’exemplaire restreint, elles sont rarement utilisées dans le commerce mais ont la faveur du collectionneur.
Il peut s’agir autant de pièces de monnaie que de médailles ou encore de billets.
Ici, par exemple, une médaille commémorative polonaise :
Monnaie démonétisée
Si vous essayez de payer votre baguette de pain en francs, vous devriez expérimenter pleinement cette définition. Il s’agit d’une monnaie n’ayant plus cours et dont le pouvoir de paiement a été supprimé.
Monnayage de nécessité
Les monnaies de nécessité sont des espèces monétaires émises en urgence en dehors du système légal habituel de la monnaie en raison de circonstances exceptionnelles.
Par exemple lorsqu’il n’y a pas suffisamment de monnaie en circulation pour diverses raisons : un siège, une pénurie de métal, etc...
Numismate
Et voici une double définition.
En effet, un numismate peut tout aussi bien désigner un collectionneur qu’un scientifique.
Le premier collectionne, le second étudie. Tous les deux sont des passionnés et tous les deux se penchent sur les monnaies, les médailles et autres espèces monétaires.
A noter qu’à défaut d’être une science, collectionner est tout un art…
Numismatique
Du latin “numisma” et du grec “νυμισμα”.
Ce n’est pas forcément une évidence mais la numismatique est une science.
Une science traitant de l’histoire des monnaies, des médailles, des jetons ou encore des méreaux (sorte de jeton ayant une fonction de monnayage de nécessité). Elle traite également de la description de ces monnaies et établit une classification précise et datée de celles-ci.
En dehors des collectionneurs, cette science est notamment très utile voire indispensable aux historiens, aux géographes, aux iconographes, aux économistes ou encore aux archéologues pour dater leurs découvertes.
L’invention de la monnaie est difficile à dater, mais semble remonter (sous forme d’objet métallique) environ au VIIème siècle avant J.C en Orient et en Occident. Auparavant, une phase intermédiaire entre le troc et la monnaie semble avoir établi des échanges d’objets “symboliques” (comme par exemple les Cauris, des coquillages ayant servi de monnaie à partir du XIIIème siècle avant J.C).
Italie Médaille
Venezia, Cristoforo Moro, Doge LXVII, History, 1462-1471
Les médailles, elles, sont beaucoup plus “récentes” et commencent à être frappées à la fin du XIVème siècle en Italie, concomitamment à l’apparition des premières banques.
Revers
Une définition à ne pas balayer d’un … de main si l’on s’intéresse à la numismatique.
Le revers est le côté pile en langage courant et il ne se définit qu’en fonction de son opposition au côté face, soit l’avers (voir plus haut).
Autrement dit, c’est en définissant l’avers que vous pourrez déterminer le revers.
Attention, il y a des pièges, ici un jeton de la Monnaie de Paris. Avers, revers... Double revers.
Valeur faciale
La valeur faciale d’une monnaie est celle inscrite sur celle-ci et établie par convention au moment de son émission.
C’est tout pour aujourd’hui !
Rendez-vous au prochain épisode pour aborder le vocabulaire concernant la pièce de monnaie à proprement parler ! Ne dit-on pas propre comme un sou neuf ?
En attendant, vous voilà désormais prêt(e) pour entamer ou poursuivre votre collection !