Portes ouvertes sur les maisons closes
Du règne de Louis XV et jusqu'en 1804, la prostitution est plus ou moins tolérée en France mais de plus en plus encadrée. Louis XVI se montre toutefois un peu moins tolérant puisque sous son règne les prostituées sont envoyées qui en prison, qui à l'hôpital.
A partir d'Octobre 1804, sous Napoléon, les choses sont bel et bien réglementées.
Les "filles" sont sorties de la rue, enregistrées auprès de la Préfecture de Police et exercent désormais dans des maisons dites "closes" (ou maisons de tolérance).
Maisons à la façade discrète et au standing divers, du lupanar luxueux au bordel populaire…
On s'y rend comme on se rend au casino, sans argent. Seule la tenancière détient les cordons de la bourse et vend aux clients des jetons contre espèces. Les jetons sont remis aux prostituées comme paiement et la prostituée les remet elle-même à la tenancière à l'heure des comptes.
Les jetons font également office d'encarts publicitaires. Ainsi, l'on fréquente les très connues "Belles Poules" de la rue Blondel à Paris ou bien encore la Maison Marquise de Nîmes tenue par Madame Caro.
Ou bien encore le Paradis du Cap d'Ail qui assure discrétion et sécurité contre jeton pour entrer.
Rue Saint-Lazare à Paris, Madame Liane vous procure des massages de 10h00 du matin à 7h00 du soir pour un prix unique. Et à la Florida de Dijon vous êtes accueilli en toute discrétion par Madame de Los Dolores.
C'est en 1946, après la guerre, que quelques 1400 maisons closes le seront alors définitivement suite à la loi Marthe Richard.
Les jetons de maisons closes sont devenus, depuis lors, des objets de collection à part entière, souvent très recherchés.
Illustration : "Perezosa" par Daniel Hernández Morillo (1906)
