Les monnaies Piéfort
Souvent injustement méconnues et relativement peu collectionnées, les monnaies Piéfort (ou piedfort, ou encore pied-fort) sont des projets monétaires non circulés, parfois d’essai, et des objets de collection à part entière, souvent rares et souvent d’excellente qualité.
Un objet de collection à part entière
Comme on le distingue dans la vidéo ci-dessous, afin d’éviter que le modèle Piéfort soit confondu avec les pièces de monnaies finales auxquelles il sert - comme nous le verrons un peu plus loin - de référence, il est de double épaisseur et de double poids (voire parfois triple ou quadruple), souvent de qualité Belle Epreuve.
C’est par ailleurs cette tranche d’épaisseur conséquente qui fait en grande partie son charme, en faisant un objet unique, différent d’une monnaie “classique”.
Un peu d’histoire
Les Piéforts naissent en France au XIIème siècle sous le règne de Philippe Auguste, un des premiers rois à souhaiter la fin de la mainmise des feudataires sur les émissions monétaires.
Ordonnance de Philippe Auguste sur les monnaies de Normandie
"Et nul n'est autorisé, ni un changeur ni quelqu'un d'autre, à porter la monnaie interdite hors de la terre de monseigneur le roi, mais il doit la porter au change ou aux gardes de la monnaie."
Recueil des actes de Philippe Auguste roi de France, publié sous la direction de Clovis Brunel, par H.-F. Delaborde, C. Petit-Dutaillis et J. Monicat, t. II, Paris, 1943, n° 844, p. 423-424. (traduit du latin)
On distingue deux acceptions pour le Piéfort :
- Dans un premier temps, cadeau pour des dignitaires, un peu comme les médailles.
- Dans un second temps, modèles servant à frapper les monnaies.
Au XVIème siècle, lorsque la méthode de frappe passe du marteau au balancier, ils sont frappés par le graveur général et sont ensuite distribués aux ateliers de province pour servir de référence. Jusqu'au XVIIIème, où l’usage du piéfort tombe alors plus ou moins en désuétude.
Jusqu’en 1968, pourtant, la Monnaie de Paris frappe un piéfort pour chaque nouvelle création de monnaie, l’année de la sortie de celle-ci et dans un métal identique.
Par la suite, jusqu’en 1990, les piéforts sont surtout frappés à destination des collectionneurs et sont réalisés dans divers métaux.
Côte et rareté
La côte d’un piéfort est très précise, elle se base sur la rareté et la demande. Si certaines émissions destinées aux collectionneurs échappent à la règle, le nombre d’exemplaires frappés est souvent faible et - par conséquent - la rareté grande.
Par exemple, ce centime épi de 1977 a été frappé à seulement 118 exemplaires.
Monnaie France
Épi, Centime, 1977, Piéfort, SPL, Chrome-Steel, Gadoury:4.P1
Il est à noter que le piéfort peut ou pas comporter la mention “Essai” selon que la frappe est ou non suivi d’une émission et d’une mise en circulation du projet.
Vidéo : Thomas W. pour NumisCorner.com (Tous droits réservés)
Illustrations :
- "Vue de la Seine en aval du Pont-Neuf, à gauche l'Hôtel des Monnaies, à droite Le Louvre" par Pierre-Antoine Demachy (1783) (CC)
- "Philippe II dit Philippe-Auguste, Roi de France (1165-1223)" par Louis-Félix Amiel (1837) (CC)
Sources :