Les Douze Travaux d’Hercule (Première partie)
Si les douze travaux (Δωδέκαθλος) d’Hercule - ou plutôt Héraclès si l’on se réfère au nom grec dudit héros - sont quasiment universellement connus, les détails de ceux-ci le sont moins et peu sauraient lister de manière exhaustive les travaux en question.
Petite séance de révision, bien entendu illustrée en monnaies, comme il se doit.
Au départ il n’y en avait que dix de prévus mais comme deux n’ont pas été comptabilisés comme étant accomplis par son commanditaire, Eurysthée (comme nous allons le voir), ils furent donc bien douze au final. Dans cette première partie, nous évoquerons les 6 premiers travaux de notre incontournable héros.
Veuillez noter que, comme toutes les histoires et légendes issues de la mythologie, diverses variantes circulent selon les auteurs et que des détails peuvent diverger selon les sources. L'ordre de certains travaux peut également varier.
Travail 1 : le lion de Némée
Votre mission, si vous l’acceptez : tuer le lion de Némée.
Celui-ci fait régner la terreur en Argolide (dans le Péloponnèse) et possède - détail non négligeable - une peau impénétrable. Autrement dit, le cuir fort épais.
Le premier essai de notre héros, à coup de flèches forgées par Apollon, s’avère être un échec cuisant. Le lion n’étant pas ravi ravi de ce premier échange, voire un brin agacé, n’hésite pas à charger Hercule.
Commence alors un corps à corps sans merci.
Le héros viendra finalement à bout de son redoutable adversaire grâce à sa massue et en étouffant le lion lors du grand final de cet épique combat.
Lion 0 - Hercule 1
Travail 2 : l’Hydre de Lerne
Décidément, il ne fait pas spécialement bon vivre en Argolide à l’époque.
Ou tout du moins pouvait-on se trouver confronté à des voisins indélicats peu au fait de la politesse de rigueur. Comme par exemple : ne pas décimer le troupeau d’autrui.
L’Hydre de Lerne est de cette race de voisins là. Son nom signifiant littéralement “serpent d’eau”, elle est toutefois un peu plus impressionnante que cela avec des têtes multiples. Leur nombre diverge selon les versions mais on s’arrête généralement sur un chiffre compris entre 5 et 9, ce qui n’est déjà pas si mal.
Dont une immortelle. Cette dernière est décrite comme étant en or et se trouve être la tête pensante de tout ce petit monde. La nature est bien faite, n’est-ce pas ?
Le tout posé sur un corps de serpent, une haleine fétide en diable (réputée empoisonnée), et chaque tête se payant le luxe de repousser sitôt coupée.
Tout un programme.
Et voilà donc notre Hercule mandaté pour aller mettre bon ordre à tout cela et tuer la voisine malcommode. Et, pour une fois, ce travail faillit ne pas être compté dans les douze car il eut besoin d’un petit coup de main pour en venir à bout. Ce qui, reconnaissons-le, n’est pas tout à fait régulier.
Il dut donc se résoudre à appeler son chauffeur à la rescousse (comprenez son conducteur de char, les limousines étant fort rares à l'époque), le héros thébain Iolaos. Et les voilà embarqués dans un véritable travail d’équipe : Hercule décapite à tour de bras et Iolaos cautérise pour éviter une repousse de tête inopinée.
On planque la dernière sous une grosse pierre et le tour est joué.
Plus que 10
Travail 3 : le sanglier d’Erymanthe
Cette fois on quitte l’Argolide pour l’Arcadie voisine, toujours dans le Péloponnèse, pour une partie de chasse assez “tradi” au final.
En effet, si ce pauvre sanglier d’Erymanthe, il est vrai de forte corpulence, impressionnait de par sa taille ses humains de voisins, avait-il vraiment mérité d’être effrayé, traqué et chassé jusqu’à l'épuisement complet, à seule fin d’être capturé puis dépecé par un boucher anonyme du marché de Mycènes ?
Toujours est-il que voici une troisième quête accomplie.
Travail 4 : la biche de Cérynie
On poursuit notre héroïque voyage grec pour se rendre en Thessalie, région au nord du Péloponnèse et au sud de la Macédoine.
Sur les rives du fleuve Anauros paît alors la paisible biche de Cérynie aussi appelée biche aux pieds d’airains.
Celle-ci, cinquième du nom, est la seule à ne pas avoir été attelée au quadrige de la déesse Artémis mais reste sous la protection de cette dernière.
La délicate mission d’Héraclès ? Capturer cette farouche et délicate bête - de la taille d’un taureau tout de même - munie de cornes dorées et (donc) de sabots d’airain. Le tout sans blesser ni tuer l’animal, protégé par sa déesse chasseresse.
Il fallut un an à Hercule pour l’atteindre et il réussit l’exploit de l’immobiliser grâce à un trait de flèche entre le tendon et l’os d’une des pattes, sans verser de sang. Artémis s’en trouva tout de même offusquée mais, après discussion, consentit à ce qu’il prouva l’accomplissement de sa tâche à la condition qu’il relâchât la bête sans dommage une fois ceci réalisé.
Ainsi fut-il fait.
Et de quatre !
Travail 5 : les écuries du roi Augias
Il est étrange de constater qu’un des exploits les plus connus d’Hercule concerne non seulement un travail de vacher mais contient de plus un abus de langage puisqu’il s’agit en réalité d’étables.
Dans le royaume de l’Elide (Péloponnèse nous revoici) où règne le roi Augias, il se trouve que ce dernier s’est un peu laissé déborder à force de faire l’impasse sur le ménage pendant 30 ans (!) et que ses étables sont proprement (vous l’avez ?) impraticables.
A tel point que son bétail ne peut plus y accéder (ni plus personne d’ailleurs).
Voilà donc Hercule promu technicien de surface et il dispose pour accomplir sa tâche d’une seule et unique journée. C’est un peu court pour nettoyer trente ans de crasse accumulée.
Mais notre héros est rusé (en doutions-nous ?). Il détruit un des murs, détourne deux fleuves de leurs cours et, ni une ni deux, nettoie tout cela à grande eau. Une fois cela fait, ni vu ni connu, il remet les fleuves là où ils doivent être et met en oeuvre un atelier “maçonnerie” afin de reconstruire le mur pendant que tout cela sèche.
Lucanie Drachme
ca. 550-510 BC, Sybaris, Pedigree, Argent, NGC, Ch XF 5/5-2/5
Et voici une étable propre comme un sou neuf !
Il suffisait de demander.
Reste qu’Augias refuse de lui verser le salaire promis d’un côté et, que de l’autre, Eurysthée refuse de le comptabiliser au motif qu’il a demandé une rétribution pour le coup de torchon.
Autant pour l’Hydre de Lerne ça pouvait se discuter, autant là, on est typiquement sur de la mauvaise foi.
Reçu 5/5
Travail 6 : les oiseaux du lac Stymphale
Nous restons dans le nord-est de la péninsule du Péloponnèse, dans la région de Corinthe, pour une charmante virée bucolique au lac Stymphale.
Lac sur les bords duquel nous pouvons observer de charmants oiseaux tout à fait sympathiques.
Enfin... Du point de vue d’Arès, qui les avait dressés.
Munis de plumes en acier tranchant, ces aimables volatiles avaient en effet pour pratique de se nourrir de chair humaine au petit déjeuner.
Charmants, en effet.
Hercule fut donc chargé de faire une nouvelle fois le ménage.
Pour cela, il eut recours à un précieux accessoire musical obligeamment fourni par Athéna : des crotales de bronze forgés par Héphaïstos. Rien à voir avec les serpents. Il s’agit en effet d’un idiophone constitué de deux coquilles produisant du bruit lorsqu’on le fait claquer dans ses mains.
Il se trouva que nos courageux mais bien peu téméraires oiseaux ne purent supporter le bruit produit par les crotales alors qu’Héraclès les faisait résonner depuis une montagne proche. Ils s’envolèrent et le héros en profita pour les abattre (qui a dit lâchement ?) à grand renfort de flèches.
Et nous voici donc rendus au compte de 6.
Et nous voici ainsi parvenus à la moitié de notre périple.
A suivre…
P.S : Alors ? Vous en aviez combien sur ces six premiers travaux ?
Iconographie :
- "Hercule" par Charles Le Brun (entre 1658 et 1661)
- "Le Combat d'Hercule avec le lion de Némée" par Peter Paul Rubens (XVIIème siècle)
- Gravure dont le sujet est le second travail d'Héraclès : "Tuer l'Hydre de Lerne" par Cornelis Cort (vers 1565)
- "Hercule et l'Hydre de Lerne" par Gustave Moreau (1876)
- "Hercule et le sanglier d'Erymanthe" par Antonio Tempesta (1608)
- "Hercule et la biche du mont Cérynie" par Antonio Tempesta (1608)
- "Hercule et les écuries du roi Augias" par Francisco de Zurbarán (1634)
- "Hercule au lac de Stymphale" par Gustave Moreau (vers 1875-1880)
Sources :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Travaux_d%27H%C3%A9racl%C3%A8s
- http://lettres.ac-rouen.fr/grec/Heracles_Apo/heraset1.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Lion_de_N%C3%A9m%C3%A9e
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Argolide
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Hydre_de_Lerne
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanglier_d%27%C3%89rymanthe
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Biche_de_C%C3%A9rynie
- https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lide
- https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89curies_d%27Augias
- https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03344342/document