Crispine, Aureus, 178-188
Rome - Or - SPL - Calicó:2377e - RIC:287
Vendue
Buste de Crispine, drapé, cheveux en boucle dans le dos, à droite.
Vénus, drapée, assise à gauche, tenant une Victoire de la main droite tendue et un sceptre de la main gauche ; sous le siège, une colombe à gauche.
RIC III Commodus 287. Un état de conservation absolument exceptionnel ! A considérer comme étant presque fleur de coin ! Cet aureus d'une splendeur absolue a été parfaitement préservé dans le temps, et nous pouvons ainsi admirer le superbe travail de gravure des détails. On note un léger défaut de frappe avec le grènetis des deux faces qui s'est écrasé en grande partie. Cependant, cela n'a pas altéré les légendes ainsi que les gravures centrales. Le portrait, représentant l'impératrice Crispine avec cette coiffure tenant les cheveux en chignon large derrière la tête. Une représentation de coiffure qui faisait office de modèle pour toutes les femmes de la haute société romaine, souhaitant se rapprocher au plus près du modèle répandu par le portrait de l'impératrice. Au revers, une superbe représentation de Vénus, sous son épiclèse "Felix", l'Heureuse, combinant ses aspects avec ceux de la déesse Fortuna. Sa représentation est en parfaite harmonie avec ses attributs, elle est celle qui apporte la Victoire, comme le montre sa main tendue tenant une petite Victoire. Également symbole de l'Amour, elle est associée à la colombe, se trouvant sous son trône. De plus, à la fin de la République, les puissants tels que Sylla, Pompée ou César se placent comme les protégés et les favoris de la déesse. Auguste reprendra ce discours en plaçant sa dynastie sous la protection de la déesse. Il semble ainsi que les familles impériales conservent cette tradition d'associer Vénus à la protection des membres de la dynastie, comme ici l'impératrice. Le discours est ainsi multiple, en associant l'impératrice à la déesse de l'Amour, protectrice de la famille impériale, et également porteuse de la Victoire pour l'empereur, et par extension pour Rome. Ce magnifique portrait est donc celui de Crispine (Bruttia Crispina), qui épouse l'empereur Commode en 178, à l'âge de 13 ans, jusqu'en 188, où elle est répudiée et exilée sur l'île de Capri, au large de l'Italie actuelle, avant d'y être assassinée sur ordre de l'empereur, en 191. Elle est issue des plus hautes sphères de la noblesse romaine, elle est la fille de Caius Bruttius Praesens, homme politique romain très proche des empereurs ayant précédé Commode. Son grand-père fut consul et collègue de l'empereur Antonin le Pieux, ce qui permit à sa famille d'obtenir le statut de famille patricienne peu de temps après. Son père fut également consul en 153, avant d'être désigné proconsul d'Afrique en 166/167. L'influence et la proximité de son père auprès du père de Commode, Marc Aurèle, entraine ce mariage. Cette proximité se traduit également par le fait qu'il accompagne l'empereur durant sa campagne contre les Marcomans et il reçoit les honneurs militaires à l'issue de la campagne. Peu de temps après, en 180, il est consul une seconde fois, après avoir été désigné à ce poste en 178, dans le même temps que le mariage entre Commode et Crispine. Le mariage entre Crispine et Commode n'a duré que jusqu'en 188 sans que l'on en connaisse la raison. Deux explications sont avancées, d'abord celle d'un mariage stérile, qui aurait entrainé cet exil, avant qu'elle soit assassinée. Cet exil serait aussi du à la chute de Marcus Aurelius Cléandre, un affranchi extrêmement haut placé, chambellan et favori de Commode. A partir de 182 l'homme est assez élevé dans la hiérarchie pour se trouver en position de faire éliminer l'ancien chambellan et favori de Commode, et prendre sa place. Après 184, son influence est telle qu'il fait exécuter le préfet du prétoire alors en place, afin de le faire remplacer. Dans le même temps, il vend les plus hautes fonctions administratives et politiques au plus offrant, notamment aux militaires, en donnant des entrées et des places au Sénat. Il s'éleva jusqu'à prendre le commandement de la Garde Prétorienne de Rome en 188 après avoir éliminer le nouveau préfet du prétoire. Sa chute et sa mort, en 190, précèdent de peu celle de Crispine, et leurs morts seraient peut-être liées à leur appartenance aux hautes sphères de l'empire, et à l'entourage proche de Commode.
CRISPINA AVGVSTA
VENVS FELIX
7.3 gr
De l’or
Si de nos jours l’or s’est fait un nom en tant que roi des métaux précieux, ce ne fut pas toujours le cas. En effet, par exemple, dans la Grèce antique, le bronze de Corinthe lui était largement considéré comme supérieur. Pourtant, avec le temps, il a su s’imposer comme le prince de la monnaie même s’il se dispute fréquemment la première place avec l’argent au titre d’étalon.
Pourtant, d’autres métaux semblent bien plus précieux que cette paire, comme le rhodium ou le platine. Certes. Mais si le minerai n’est pas assez disponible, comment fabriquer des monnaies en quantité suffisante ? Il s’agit donc là d’un équilibre subtil à trouver entre rareté et disponibilité.
Mais il y a mieux, l’or est non seulement quasiment inaltérable, quelles que soient les conditions de stockage (et le fond des poches n’est pas le plus précieux des écrins) mais également malléable (les coins et les graveurs le remercient).
Voici donc le cocktail idéal pour battre monnaie sans tarder, et on ne s’en est pas privé !
Son nom vient du latin aurum et son symbole chimique est Au. Son origine est probablement extra-terrestre, il s’agirait en effet de poussière d’étoiles dégagée suite à une collision violente entre deux étoiles à neutrons. Non seulement précieux, mais également poète…
Les premières monnaies en or furent frappées par les rois Lydiens, probablement entre le VIIIème et le VIème siècle av. J.-C.. Si de nos jours les seules frappes en or sont celles de monnaies d’investissement (monnaies lingots) ou en tant que séries limitées à destination des collectionneurs, ce ne fut pas toujours le cas. Et l’or circula longuement de mains en mains et d’époque en époque, des gisements aurifères antiques du fleuve Pactole aux premières années du XXème siècle.
En tant que métal précieux, au même titre que l’argent, l’or est utilisé pour la frappe de monnaies à valeur intrinsèque, c'est-à-dire dont la valeur est constituée par le métal dont elles sont faites. Même si, de nos jours, la valeur pour le collectionneur dépasse fréquemment largement celle du métal…
Il est à noter qu’on adjoint fréquemment à l’or, au naturel trop malléable, de petites quantités de métaux autres qui viennent le durcir.
Le titre (ou aloi) au millième d’une monnaie vous indiquera la proportion exacte (en pour mille) d’or entrant dans sa composition. On parle ainsi par exemple d’or à 999‰, soit 999 parts d’or pour 1 part d’autres métaux. Cette mesure est importante pour les monnaies d’investissement comme les bullions. En France, jusqu’en 1995, cette mesure s’énonçait en carat.
Une qualité “SPL”
Car en numismatique, l’état de conservation d’un article se doit d’être soigneusement évalué avant d’être proposé au collectionneur avisé à l'œil aiguisé.
Et au-delà de cette abréviation de prime abord obscure, l’état de conservation est ici clairement énoncé :
Splendide
Ce qui signifie - plus prosaïquement - qu’il est peu probable que la monnaie ait circulé, même entre quelques rares et blanches mains. Les traces de manipulations éventuelles restent presque imperceptibles et aucune patine ou autre oxydation n’est venue altérer la brillance de l’objet.